"Ronde, et alors ?"

Le Body Shaming par Mathilde Nacry

Publié le 12 janvier 2017 Mis à jour le 9 février 2017
De toute ma vie, je n'ai jamais été mince. J'ai toujours été potelée, du plus loin que je me souvienne. Durant ma scolarité, les gens ont été affreux avec moi. Pour des raisons ridicules : je n'avais pas perdu le petit ventre rond de l'enfance, j'avais des petites joues remplies, les dents du bonheur (que je porte avec fierté), un petit nez épaté qui m'a valu le surnom de Mike Tyson, Chewbacca parce que j'avais plus de poils sur les bras que les garçons et une crinière de lionne. Un jour on m'a dit : « tu devrais faire du sumo, t'as déjà la corpulence pour ». Plus tard, quand la puberté a pointé son nez, ma poitrine s'est développée, assez rapidement et de manière assez conséquente. On s'est mis à m'appeler « par-choc », « sale moche » etc. On s'est mis à m'exclure et à me dire des choses tellement gentilles comme « t'es personne, et tu finiras toute seule, parce que personne ne voudra jamais de toi ». Et même si toutes ces choses m'ont changé, même si elles m'ont blessé, je ne voulais pas que toute leur haine m’atteigne. J'ai cherché à me différencier, pour ne jamais leur ressembler. Et chaque jour, je me dis que je suis bien contente de ne ressembler qu'à moi quand je vois le monde dans lequel on vit. La différence est une force de caractère.

Comment peut-on accepter de vivre dans une société où l'on fait culpabiliser les gens, que dis-je, les femmes sur leur corps ? Comment peut-on se sentir bien dans sa peau, se regarder dans le miroir, dormir le soir tranquillement, quand on passe ses journées à réduire en pièce l'amour-propre d'une personne ? Comment peut-on briser la vie de quelqu'un pour son apparence ? Parce que je ne parle pas seulement des filles plus ronde, je parle des filles qui n'ont pas de seins, de celles qui ont un « petit cul plat » ou « une culotte de cheval », je parle des filles qui ont un long nez, des petits yeux, une bouche fine. Je parle des filles normales, pas refaites, des filles qui font avec ce qu'elles ont et qu'on emmerde parce qu'elles ne ressemblent pas aux « standard » de beauté de 2017 ; « gros cul, gros seins, grosse bouche, pas de ventre, pas de cuisses ». Bah qu'on m'explique parce que moi je ne sais pas comment on fait pour avoir un gros cul sans avoir des grosses cuisses. Sorry.
Du Body Shaming voilà ce que c'est. Mettre la honte et faire culpabiliser les corps différents. Des gens meurent de cet acharnement. Des gens se suicident parce que les autres se permettent de juger quelqu'un sur des kilos en trop. Des gens mettent leur vie en danger pour ressembler à untel ou à untel. Mais ouvrez les yeux ! C'est pas ça la vie ! Pourquoi ressembler à quelqu'un d'autre quand on peut être soi-même ? Avec ses défauts, avec ses imperfections, avec son charme, sa beauté naturelle, son charisme. On n'aime pas quelqu'un parce qu'il est beau, ou parce qu'il suit la mode. On aime quelqu'un parce qu'il dégage quelque chose de beau, parce qu'il est confiant.

Le secret de la beauté c'est la confiance en soi. Quand on sait qu'on peut plaire, quand on connaît ses atouts, quand on sait se mettre en valeur, alors on est heureux et on le montre. N'ayez jamais peur d'être vous-même.
Un jour, alors que je racontais qu'un garçon m'avait demandé ce qu'il y avait dans mon ventre pour qu'il soit aussi gros, mon médecin m'a juste dit « si un jour, on te demande à nouveau ça, dis juste que dans ton ventre, il y a toute sa méchanceté. » Et il avait raison. Le problème vient des autres, pas de vous.

Mis à jour le 09 février 2017